Cinéma

Cinéphile à mes heures perdues, je critique et partage mes coups de cœur cinématographiques ici (et sur letterboxd)

Le 13/10/22

Les Enfants des autres,

Rebecca Zlotowski

L'histoire de Rachel (Virginie Efira), professeure de français au lycée qui n'a jamais voulu d'enfants. Pourtant, alors qu'elle atteint 40 ans, nombreuses de ses certitudes sont bouleversées lorsqu'elle tombe amoureuse d'Ali (Roschdy Zem), père de la petite Leila.  

Un film tout en nuance, qui échappe aux stéréotypes qui entourent le désir de maternité, comme ceux de la figure de belle-mère. La réalisatrice souligne délicatement toutes les émotions que traversent son personnage au cours des quelques étapes de sa vie. Elle fait le portrait d'une Rachel amante, sœur et fille, belle-mère, collègue de travail.

La réussite de ce film (qui m'a fait beaucoup pleuré) se trouve à la fois dans la justesse de son scénario, dans le regard féminin que la réalisatrice pose peut-être sans le conscientiser (un bon exemple de female gaze qui change vraiment des films réalisés par des hommes), dans la qualité de jeu des acteurs, la mise en scène et la beauté de sa photographie

Coup de cœur de l'année 2022. 

4,5/5

Le 11/05/23

Le Paradis - Zeno Graton

Premier film du réalisateur Zeno Graton, sorti le mercredi 10 mai 2023 au cinéma.

On suit des jeunes hommes (ou plutôt des garçons) dans un centre fermé pour mineurs. Le scenario se concentre surtout sur le personnage de Joe et sa relation avec un nouvel arrivant, William.

Sans spoiler, si vous êtes à la recherche d'un film avec de l'amour et de la tendresse, avec un regard frais sur la masculinité et une représentation douce d'une romance entre deux garçons, n'hésitez pas une seconde !

Et puis je peux l'admettre, j'ai trouvé les acteurs de Joe (Khalil Gharbia) et William (Julien de Saint Jean), à la fois très crédibles et touchants, mais aussi très beaux.

En plus, le film est court (1h20), donc c'est sympa et plus facile d'aller au cinéma quand ça ne prend pas 3h (avec les publicités).

4/5 (malgré ses défauts)

Le 23/11/22

Bones and All, Luca Guadagnano

Un film d'horreur qui est en fait bien plus que ça. 

Vous allez être écœuré.e.s, c'est certain, mais bon, si on regarde un film d'horreur c'est aussi parce que c'est un peu jouissif d'avoir peur, d'être mal à l'aise, d'être dérangé. Si votre côté sadique ne s'est pas encore révélé, il est peut-être temps. 

Bones and All est l'histoire de deux adolescents marginaux, Maren (Taylor Russell) et Lee (Timothée Chalamet), qui se rencontrent et rapidement se comprennent. Ils partagent en effet leur difficulté à vivre dans un monde qui ne peut les comprendre. La raison ? Ils ont besoin de manger de la chair humaine. C'est à travers un véritable road trip aux États-Unis que leur relation se développe et qu'on apprend à connaître leur passé, leurs peurs, leurs espoirs. Il est question d'éthique, d'amour et de famille, bien que cela soit peut-être déroutant lorsque l'on parle de deux cannibales incapables de changer de régime. 

Le film repose sur une photographie magnifique, et une bande-son parfaite pour un road trip, des cœurs déchirés et des personnages en décalage. Le tout est porté par une Taylor Russell éclatante et des personnages secondaires indispensables au cringe du scénario. Timothée Chalamet quant à lui, a un personnage bien écrit, et se trouve un peu plus en retrait dans son jeu pour laisser la place à Maren.

Un petit bijou inclassable, attention aux âmes sensibles cependant.

4,5/5

Le 08/05/23

Je verrai toujours vos visages - Jeanne Herry

Ce film aborde le travail de la Justice restaurative, qui propose à des personnes victimes et autrices d'infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrées par des professionnell.e.s et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel.

Ce que j'ai aimé : il nous apprend concrètement comment fonctionne la Justice restaurative et tous les acteur.ice.s qu'elle implique.

Ce qui m'a bouleversé : les histoires des victimes, la manière dont elles expriment leurs traumas, leur volonté d'aller mieux, mais surtout le dialogue avec les auteurs d'infractions. Les acteur.ice.s sont si bon, qu'on croit à chaque parole prononcée, à chaque émotion, qu'on comprend l'incompréhension des deux parties, la colère, la tristesse et la peur.

Ce qu'il faut retenir : c'est un film intense mais plein d'espoir, qui permet de réhumaniser une justice défectueuse. 

5/5 (oui oui)

Le 25/01/23

Contes du hasard et autres fantaisies, Ryūsuke Hama-guchi

Ce sont trois court-métrages, trois histoires de femmes, trois situations tout à fait différentes qui nous plongent dans une intimité complète et instantanée avec les personnages. La qualité des dialogues et de la direction des actrices et acteurs est si réussie qu'il est pratiquement impossible de ne pas être emmené par le scénario.

Je connais peu le cinéma japonais, mais ce film m'a complètement surprise par les thèmes qu'il aborde et les situations qu'il imagine.

Le premier conte est plutôt classique car il traite d'un triangle amoureux, on voit peu à peu les éléments de l'histoire se tisser, et il ne suffit que de quelques minutes pour comprendre les rapports entre les personnages et les enjeux de leurs relations

Le second conte est sans doute le plus particulier, car il joue avec les conventions sociales et le désir féminin. Le spectateur se retrouve sur un fil lorsque les deux personnages se rencontrent simplement dans un bureau. 

[spoiler] En effet, une étudiante est venue pour demander un autographe à un romancier qu'elle a eu pour professeur, mais elle souhaite en réalité le piéger en l'enregistrant, attendant qu'il dise quelque chose de déplacé. La tension de ce long plan est troublante et vertigineuse. 

Le dernier conte est peut-être le plus génial, dans son jeu d'acteur et son inventivité. Les deux femmes protagonistes se rencontrent en ville, alors qu'elles ne se sont pas vues depuis leurs années de lycée. Un monde les sépare mais elles veulent prendre le temps de discuter, l'une invite donc l'autre chez elle à boire un thé. Dès lors, mille possibilités s'offrent au spectateur : l'intrigue est surprenante, les rebondissements psychologiques nombreux et la finesse d'interprétation très émouvante. 

J'ai été totalement prise de court par l'originalité des situations, la qualité de la mise en scène et la justesse d'écriture de ces histoires. À découvrir sans plus attendre !

4/5

Le 02/10/25

Nino - Pauline Loquès

« J'ai entendu quelque part que la question ne serait plus de savoir si tu vas avoir un cancer, mais quand ça va arriver.

- Eh bah moi c'est maintenant. »

De prime abord, Nino est un film sur la maladie (et pas n'importe laquelle). Un thème lourd qui peut dissuader de se déplacer au cinéma lorsqu'on y est sensible. Pourtant, le premier long-métrage de Pauline Loquès n'est pas vraiment un drame. Nino, c'est exactement le genre de film français que je chéris : un scénario simple, une attention donnée surtout aux personnages, leurs questionnements et relations, une volonté de profondeur d'écriture, et des dialogues réalistes, de ceux qu'on pourrait déjà avoir vécu.

Nino est l'histoire d'une errance dans Paris, entre introspection, crise existentielle (il apprend qu'il est atteint d'un cancer à la gorge alors qu'il n'a que 28 ans) et réconfort. C'est une galerie de personnages qui gravitent autour de lui, et à qui il rend visite les uns après les autres (la mère, le meilleur ami, l'ex copine...). Théodore Pellerin incarne parfaitement le personnage : sa présence suffit à remplir le silence, son sourire illumine la salle entière (j'étais charmée). Le film va chercher dans l'humanité et le quotidien plutôt que de plonger dans la tristesse et la fatalité.

Et puis, il fait la part belle à l'amitié, à la famille, et à la nuance dans les relations !!

Gros coup de cœur de cette rentrée scolaire 2025 <3

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